Newsletter n°2 du pôle Services Financiers
Décryptage des tendances et défis du secteur bancaire
Le mois de septembre est riche et les acteurs du secteur bancaire doivent continuer à s’adapter à un environnement toujours plus complexe.
Le pôle Services Financiers d’A2 Consulting vous propose un décryptage en 4 thématiques qui préoccupent leurs clients et qu’il faudra prendre en compte pour naviguer au mieux dans ce contexte en constante évolution :

#01 Update réglementaire
Intensification de la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme
La réglementation LCB/FT franchit un nouveau cap en France et en Europe.
Depuis le 1er juillet 2025, l’AMLA (Autorité européenne anti-blanchiment) est opérationnelle à Francfort, avec pour mission d’harmoniser les obligations, notamment pour les crypto-actifs.
L’Autorité bancaire européenne (EBA) a lancé une consultation publique (mars–juin 2025) sur quatre projets de normes techniques (RTS) :
- Évaluation du profil de risque des entités assujetties ;
- Sélection des entités sous supervision directe de l’AMLA ;
- Mesures de vigilance client (KYC) et collecte des données ;
- Indicateurs pour fixer sanctions et astreintes.
➡️ L’EBA remettra ses conclusions à la Commission européenne le 31 octobre 2025.
Côté usagers, une enquête du Comité Consultatif du Secteur Financier (CCSF) met en évidence une fatigue des clients face aux formalités, malgré la reconnaissance de leur utilité.
16 propositions ont été émises pour améliorer : la gestion des insatisfactions, la simplification du recueil des données, la communication et la formation, la clarté des attentes réglementaires, et l’adaptation à l’identité numérique.
Les évolutions à anticiper
✅ Renforcement des obligations de vigilance : identification plus fréquente, contrôle des bénéficiaires effectifs, analyses sur l’origine des fonds.
✅ Adoption des RTS EBA : les entreprises (financières et non-financières) devront se préparer à intégrer les quatre normes prévues par l’EBA, qui influenceront les modalités d’évaluation des risques, de supervision directe, la vigilance client et le régime de sanctions.
✅ Mise à jour des procédures internes : cartographie des risques, dispositifs de contrôle interne, notamment d’ici 2026 pour se conformer aux nouvelles normes.
✅ Formation du personnel : montée en compétence attendue dans tous les services (commercial, financier…) pour appliquer ce cadre.
✅ Traçabilité accrue des opérations : archiver de façon plus rigoureuse, notamment sur les transferts cryptoactifs.
Règlement DORA, sur le chemin de la résilience opérationnelle
Depuis 4 ans, le secteur financier s’est mis en marche, mais en ordre dispersé pour se conformer au règlement DORA. Les projets de mise en conformité nécessitant parfois un investissement lourd et des compétences techniques particulières, le niveau d’avancement est disparate entre les acteurs de taille systémique, ceux de taille moyenne et les prestataires TIC.
Malgré la forte mobilisation des acteurs majeurs lors de la phase préparatoire, 96% des institutions financières européennes ne se considèrent pas encore prêtes : 41 % ressentent une pression accrue sur les équipes IT, 37 % subissent des coûts plus élevés auprès des prestataires, et 22 % jugent la réglementation frein pour l’innovation.
Plusieurs organisations n’ont pas encore pu se conformer aux principales exigences de DORA et notamment :
- la mise en œuvre de dispositif de remontée des incidents,
- la mise en place de tests de reprise et de continuité d’activité,
- la réalisation de tests de résilience opérationnelle numérique.
La gestion des risques liés aux sous-traitants constitue également une préoccupation majeure des différents acteurs du secteurs financiers pour plusieurs raisons :
➡️ La concentration de certaines activités au sein de prestataires devenus systémiques (ex- opérateurs de cloud) ; cette concentration rend plus complexe la mise en place d’une exit strategy, la conduite de tests communs de résilience et parfois les négociations contractuelles ;
➡️ A contrario parfois un morcellement des prestataires voire une chaîne de sous-traitance en cascade sur plusieurs niveaux, ce qui rend complexe la supervision pour les établissements financiers ;
➡️ Les coûts de mise en œuvre et les besoins croissants en ressources expertes concomitants à l’entrée en vigueur de nouveaux règlements dans l’UE.
Malgré son coût et le niveau de complexité de sa mise en œuvre, le règlement DORA constitue une opportunité pour le secteur financier européen à la fois en réhaussant le niveau de résilience face aux attaques externes mais aussi en engageant une réflexion sur son positionnement et sa dépendance vis-à-vis de certains géants du numérique.
Panorama des autres règlementations à suivre
MiCA (Markets in Crypto-Assets)
Objectif : créer un cadre européen unique pour les crypto-actifs afin de protéger les investisseurs et harmoniser les règles.
Points clés 2025 :
- Entrée en vigueur depuis décembre 2024, avec une mise en œuvre progressive. Une période transitoire de 18 mois, spécifique à la France, permet aux prestataires déjà autorisés sous le régime PSAN (Prestataires de Services sur Actifs Numériques) de poursuivre leurs activités jusqu’au 1er juillet 2026
- Premier agrément MiCA délivré en mai 2025 à la Néobanque française Deblock
- Nouvelles obligations appliquées au PSAN dès 2025 : bonne gouvernance, ségrégation des fonds, lutte contre les abus de marché
FiDA (Financial Data Access)
Objectif : structurer l’open finance en facilitant le partage sécurisé des données financières entre acteurs, au bénéfice de l’innovation.
Points clés 2025 :
- Adoption attendue courant 2025
- Complète le Data Act (2024)
Préoccupations soulevées :
Certains experts, alertent sur les risques potentiels pour les consommateurs européens : forte dépendance aux géants technologiques non-européens, perte de souveraineté numérique, ou démultiplication des risques dans l’assurance.
DSP 3 (Directive sur les Services de Paiement)
Objectif : moderniser la DSP 2 et renforcer l’open banking avec un cadre harmonisé dans toute l’UE.
Points clés 2025 :
- Mise en place d’un règlement directement applicable (RSP) pour uniformiser les règles et réduire les divergences d’interprétations entre états membres
- Nouvelles obligations pour les banques :
- Proposition d’API dédiéesaux prestataires tiers ;
- Outils de gestion des consentements clients(tableaux de bord) ;
- Régime de licence unique pour les acteurs du paiement et de la monnaie électronique.
Bâle III (Réformes prudentielles bancaires)
Objectif : renforcer la résilience des banques face aux crises et harmoniser les exigences de fonds propres.
Points clés 2025 :
- Entrée en vigueur de nouvelles règles au 1er janvier 2025
- Plancher de fonds propres fixé à 72,5 % pour limiter l’optimisation via modèles internes
- Surveillance accrue des succursales de pays tiers
- Introduction d’un cadre prudentiel pour les crypto-actifs
- Prise en compte renforcée des risques ESG pour les établissements bancaires

#02 Open Banking & évolution du modèle bancaire
En 2025, l’open banking n’est plus une simple tendance mais une réalité structurante pour le secteur financier. Portées par les directives européennes (DSP2, bientôt DSP3/PSR) et la montée en puissance des usages numériques, les banques traditionnelles accélèrent leurs partenariats avec des fintechs pour innover, gagner en agilité et répondre aux nouvelles contraintes réglementaires (DORA, NIS2, LCB-FT, ESG…).
Pourquoi ces partenariats ?
- Accélérer l’innovation : services d’initiation de paiement, crédit instantané, scoring alternatif, UX fluide.
- Se conformer aux nouvelles régulations : les fintechs spécialisées aident à intégrer les exigences de cybersécurité, de résilience ou de traçabilité des flux.
- Faire face à la concurrence : Apple, Revolut, Qonto, Lydia redessinent les standards du secteur.
Quelques exemples concrets en 2025
- Tink (Visa) dépasse 10 000 commerçants avec son offre “Pay by Bank” réalisée en partenariat avec Adyen et BNP Paribas. Elle devient une alternative directe aux cartes bancaires
- Younited leader français du crédit en ligne, a racheté Helios, néobanque éthique, pour intégrer une dimension RSE à son offre bancaire.
- Qileo, néobanque B2B à impact, s’appuie sur Crédit Mutuel Arkéa pour l’infrastructure réglementaire, tout en conservant une indépendance sur l’expérience utilisateur.
- Revolut prévoit d’installer son siège Europe de l’Ouest en France et demande une licence bancaire locale.
Les partenariats banques–fintechs sont devenus un levier stratégique incontournable pour concilier transformation digitale, conformité réglementaire et attentes clients. Mais ils supposent aussi une vigilance accrue sur les risques opérationnels et la gouvernance.

#03 Digitalisation & amélioration de l’expérience client : quid des apports récents de l’IA ?
Depuis quelques années, l’intelligence artificielle (IA) a quitté le champ de l’expérimentation pour s’installer durablement au cœur des stratégies d’entreprise. Après avoir transformé la production, la logistique et la finance, elle redessine désormais en profondeur la relation client. L’évolution des attentes – immédiateté, personnalisation, transparence – pousse les marques à repenser leurs interactions. L’IA offre une réponse technologique à ces exigences, en ouvrant la voie à une relation plus fluide, plus intelligente et parfois plus authentique et humaine qu’auparavant.
Cette transformation est rendue possible par une acceptation croissante de ces technologies et de l’appropriation qu’en font les clients.
Pour autant, le challenge IA x Expérience client n’est pas un sprint, mais une course de fond.
La transformation ne s’est pas faite de façon linéaire mais progressivement passant d’un modèle centré sur l’humain à un modèle centré sur la donnée puis sur l’intelligence artificielle.
Aujourd’hui l’introduction des premiers modèles d’IA conversationnelle permet des interactions 24/7 à grande échelle en proposant une première forme de dialogue automatisé. Cela permet d’offrir une continuité de service mais malgré les capacités d’entrainements des modèles d’IA, il manque parfois une compréhension fine du besoin réel du client. Les futures évolutions et notamment l’IA Agentique pourront venir corriger ses irritants et propulser la digitalisation de la relation client à une autre niveau, plus incarné et plus intelligent.
Un autre impact du développement de l’IA Générative est l’évolution des méthodes de travail des conseillers. On se dirige vers une hybridation Humain – Machine avec une véritable complémentarité qui permet d’apporter une meilleure satisfaction des clients. L’IA augmente la performance opérationnelle, tandis que l’humain apporte encore l’émotion, l’empathie et la confiance. Cette combinaison redonne du sens au rôle des conseillers, recentrés sur l’accompagnement qualitatif.
Enfin, avec la transformation des modèles d’interactions, les clients deviennent acteurs à part entière et expriment leurs besoins, partagent leurs avis et perception sur les produits. Les marques à l’écoute pourront facilement faire évoluer leurs offres et être proactives pour aller encore plus vers des expériences personnalisées et satisfaisantes pour leurs clients.
Il ne faut pas oublier enfin que la réussite de cette transformation repose sur un usage responsable et éthique de l’IA : transparence des algorithmes, respect des données personnelles, et engagement en faveur d’une expérience client respectueuse et durable.

#04 Paiement
Paiements en Europe : innovation, souveraineté et sécurité en 2025
Le secteur des paiements connaît une transformation rapide : essor du sans contact, généralisation du paiement instantané, montée du Click-to-Pay et recul progressif du cash.
L’Europe pousse vers des solutions numériques accessibles, sécurisées et souveraines. Parmi les innovations observées :
- Wero, nouveau portefeuille numérique européen, ambitionne de démocratiser le paiement instantané.
- Les fintechs comme Adyen (NL) innovent à grande échelle et s’est imposée comme un acteur incontournable grâce à sa plateforme omnicanale, qui permet aux entreprises de gérer leurs paiements en ligne, en magasin et sur mobile.
Côté banques traditionnelles, BNP Paribas et BPCE lancent Estreem, une plateforme cloud de processing. Leurs ambitions affichées sont de :
- Traiter 17 Mds de transactions/an ;
- Devenir top 3 européen d’ici 2028 ;
- Offrir une alternative compétitive et interopérable (Visa, Mastercard, CB, etc.).
Les défis auxquels devront faire face les acteurs des paiements vont de la lutte contre la fraude grâce à l’IA, là a mise en place de solution d’authentification avancée, en passant par l’intégration des normes d’accessibilité (RGAA), dans un contexte réglementaire de plus en plus exigeant.
L’Europe cherche à reprendre la main sur l’innovation en matière de paiements tout en garantissant sécurité, inclusion et souveraineté.
Les stablecoins, entre adoption massive et encadrement renforcé
Les stablecoins (comme l’USDT, l’USDC ou bientôt l’euro numérique) se placent désormais au cœur de l’économie crypto. Leur promesse est simple : offrir la stabilité d’une monnaie fiduciaire (euro, dollar…) avec la rapidité et la fluidité des transactions blockchain.
Mais derrière cette apparente stabilité, plusieurs défis apparaissent :
- Transparence des réserves : garantir que chaque jeton est bien couvert par des actifs sûrs.
- Contrôle des flux financiers : éviter que ces outils ne servent de relais au blanchiment ou au financement illicite.
- Risque systémique : leur adoption croissante peut impacter la stabilité financière globale.
En 2025 : l’encadrement réglementaire s’intensifie
Avec l’entrée en vigueur de MiCA en Europe, les stablecoins font l’objet d’un suivi particulier. L’objectif est double :
- Renforcer la confiance grâce à des exigences de capital, de transparence et d’audit.
- Prévenir les abus, en encadrant strictement les conditions d’émission et d’utilisation.
Les stablecoins deviennent ainsi des instruments de plus en plus régulés, mais aussi de plus en plus adoptés par les institutions financières et les commerçants.
Néanmoins, une bataille stratégique autour des paiements se joue entre :
- Les émetteurs privés de stablecoins (adossés au dollar ou à l’euro), alliés aux géants du paiement, qui promettent des paiements sécurisés, rapides et mondiaux.
- Les banques centrales et acteurs traditionnels, qui redoutent à la fois la perte de contrôle monétaire et le risque d’être marginalisés dans la chaîne de paiement.
Certaines enseignes commerciales acceptent déjà les paiements en stablecoins, illustrant ce basculement potentiel.
L’euro numérique : la réponse européenne
Une grande partie des paiements numériques en Europe repose sur des acteurs non européens (Visa, Mastercard, Paypal, …). Cette dépendance sera d’autant plus importante avec l’essor des crypto-actifs (Bitcoin et stablecoins).
L’euro numérique permettrait de réduire cette dépendance, de garantir une autonomie stratégique dans le secteur des paiements européens et de préserver le rôle international de l’euro en évitant un affaiblissement face au dollar.
Le projet est en phase préparatoire avancée avec la réalisation d’expérimentation et le lancement de consultations pour le choix de prestataires techniques. Cette phase devrait être finalisée d’ici fin octobre 2025.
L’étape suivante sera l’adoption d’un cadre législatif européen dès 2026 pour un lancement progressif à partir de 2027-2028.s’annonce comme l’un des grands feuilletons financiers des prochaines années.
Pour plus d’actualité et de décryptage, suivez-nous sur Linkedin.
Retrouvez la première édition de la newsletter du Pôle Services Financiers